AME Station

Avec le renforcement des normes environnementales et la multiplication des LEZ (Low Emission Zone) un peu partout en Europe, de nombreuses PME se sont déjà positionnées sur le marché de la conversion de voitures thermiques en véhicules électriques, principalement en France.

Transition One, une start-up basée près d’Orléans, réalise depuis quelque temps le “rétrofit” de citadines de segment A (Peugeot 107, Citroën C1, Toyota Aygo), mais elle envisage déjà la conversion de modèles du segment B (Renault Clio, VW Polo, etc.). Car l’ambition d’Aymeric Libeau, son fondateur, est de permettre à quiconque de faire transformer sa voiture thermique en modèle électrique.

En Vendée, Jeremy Cantin (photo), gérant de Brouzils Auto, s’est fait connaître avec son Electro-Cox, une Coccinelle vouée à la casse qu’il a rétrofitée en l’équipant d’un moteur électrique de 53 chevaux et de batteries d’une capacité de 22 kWh.

Ces conversions sont opérées par de véritables artisans qui ne comptent pas les heures qu’ils consacrent à leur passion. Elles ne concernent qu’un faible volume de voitures transformées, ce qui explique que leur prix soit encore élevé. Pour un rétrofit complet, il faut en effet compter de l’ordre de 20 000 €.

Mais avec un volume de commandes plus important, Transition One compte diviser ce coût par deux, et même proposer à terme un rétrofit pour 5000 €, déduction faite d’une prime écologique spécifique de 3000 €, encore à obtenir.

transformer-voiture-essence-electrique

Des moteurs compacts

Le rétrofit d’une voiture à moteur thermique implique le démontage du réservoir à essence, la suppression du pot d’échappement ainsi que d’autres pièces mécaniques. Une aubaine pour le placement des batteries qui occupent généralement un volume assez important.

Quant au volume du coffre, le faible encombrement du moteur électrique permet de le placer facilement dans n’importe quel modèle de voiture.

La boîte de vitesse d’origine peut éventuellement être maintenue, ce qui permet de limiter le budget. Mais la voiture n’offrira ni le même agrément, ni les mêmes performances qu’une voiture rétrofitée sans boîte de vitesse.

L’entreprise e-NEO, située à quelques centaines de mètres de Brouzils Auto et gérée également par Jeremy Cantin, s’est lancée activement dans  la conversion de véhicules thermiques en modèles électriques, mais elle se limite actuellement au segment B2B.

L’entreprise, qui a mis au point un prototype de Buggy équipé de batteries de 30 kWh rechargeable avec une prise type 2 en 32 ampères, assure pouvoir réaliser à terme la transformation de tout type de voiture thermique.

Dès que la question de l’homologation sera levée, e-NEO se spécialisera dans le rétrofit de versions de série. Pour ce faire, elle veut d’ores et déjà mettre en place un réseau de garagistes formés à la conversion. Dans l’immédiat, l’entreprise vendéenne travaille sur le rétrofit de tracteurs routiers. Deux tracteurs Scania et Daf seront bientôt équipés d’un groupe motopropulseur électrique alimenté par une pile à hydrogène. Pour la suite, e-Neo se dit prête à travailler sur des engins de chantiers tels des pelleteuses et chargeuses, mais aussi des engins agricoles.

Quid de l’homologation ?

Ian Motion, une PME établie près du Mans,  propose déjà de convertir toute voiture ancienne, de préférence haut de gamme (Range Rover, Porsche, Rolls-Royce, etc.), en voiture électrique.

De son côté, Transition One a conclu un partenariat avec une autre PME -MP Rezeau- , spécialisée dans l’usinage de pièces mécaniques de précision,  afin de réaliser sur mesure les pièces indispensables qui permettront à tout moteur électrique d’être fixé sous le capot d’un modèle thermique.

On le voit, le rétrofit de voitures thermiques en modèles électriques est déjà techniquement au point.

La filière n’attend en fait qu’un cadre légal approprié. Car une voiture rétrofitée ne peut toujours pas être immatriculée, ni en France, ni en Belgique. Pour ce faire, elle doit d’abord être homologuée, pour pouvoir ensuite être immatriculée. La situation pourrait toutefois évoluer rapidement chez nos voisins : un arrêté du gouvernement français doit être validé ce mois de janvier 2020 par les instances européennes.

La question de l’homologation ne sera alors plus un obstacle : à partir du moment où la voiture thermique aura été homologuée en son temps, et où la mécanique électrique a été homologuée également, rien ne s’opposera à l’immatriculation en France du véhicule rétrofité.

Tout semble donc déjà en place pour permettre à la filière française de décoller rapidement. Une reconversion qui pourrait être salvatrice pour de nombreux garagistes dont le métier est à coup sûr menacé par un développement massif de la voiture électrique. Tout bénéfice pour l’emploi, mais également pour l’environnement.

Et en Belgique ?

Si vous souhaitez immatriculer un véhicule importé de l’étranger sans homologation européenne ou immatriculer un véhicule qui a subi une transformation, vous devez au préalable présenter le véhicule à l’homologation afin de contrôler sa conformité à la réglementation en vigueur. L’homologation, également appelée réception, est une déclaration d’approbation ou de certification d’une autorité compétente. Elle est requise afin de garantir que les véhicules mis sur le marché sont conformes à toutes les exigences techniques et réglementaires. L’homologation assure ainsi à la fois respect des normes de sécurité, de santé publique et de protection de l’environnement.

Depuis l’existence de l’homologation européenne, un véhicule homologué dans un pays (européen, petite série ou à titre individuel),  peut être immatriculé dans n’importe quel pays européen après être passé au contrôle technique du pays de l’utilisateur final.
Théoriquement, un voiture rétrofitée et homologuée en France, pourrait être immatriculée en Belgique après passage au C.T.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *